Noël bientôt, un temps bien choisi pour une belle histoire...
Cette histoire, c'est celle d' un homme tombé tout petit dans un grand chaudron plein d' huile. Pas n 'importe quelle huile à frites, non. Un chaudron d' huile de ricin. Une manière d' acquérir sinon l' immortalité, du moins le savoir et la compétence, et surtout la passion éternelle. Et la passion lorsqu 'elle vous vient d' un père pilote et metteur au point de grand talent et dont le nom est resté associé aux belles pages de la marque depuis ses origines, ce n 'est pas de la passion en bois d' allumettes. Mais la vie court souvent plus vite et il n 'est pas si facile de nourrir une passion qui revendique sa part chaque jour, quand on décide d' en faire un métier et donc de s' en nourrir aussi. Il faut sans cesse en surveiller le niveau et le refaire si nécessaire, lorsque la routine du quotidien tente de reprendre le dessus. Donc la passion, c' est comme un quatre arbres, c' est solide mais ça s' entretient.
Daniel quand on lui parla de la 047 ne fut pas long à réagir. Il avait tout de suite compris qu 'il tenait là son objectif, son fil rouge à lui, sa manière d' entretenir la flamme pour des mois ou des années. Comme une raison supplémentaire de se lever plus tôt le dimanche. Car la 904, c'était son Graal à lui. Son objectif secret, aussi inaccessible qu' un sommet à 8000m. Un truc de spécialiste. Mais il n 'était pas du genre à y renoncer sans avoir tout tenté. D' autant que notre homme qui se connaissait bien savait qu 'il avait de bonnes chances d' y parvenir, s' il le voulait vraiment. Mais pas en levant la main le dernier juste avant le coup de marteau final d' un commissaire-priseur. " Très bel achat, Monsieur, félicitations. Mesdames et Messieurs, c'est un nouveau record mondial pour ce modèle!". Pour se retrouver ensuite le malheureux propriétaire d'une auto dont les origines s'avéreraient après examen d' autant plus incertaines que sa description dans le catalogue du Maître aurait été plus précise. 3 secondes de jouissance et 10 ans de malheur.
Non, lui, sa 904, il la reconstruirait. Voilà, c' était dit. Et elle serait parfaitement conforme à l 'originale, au boulon près. Car des 904, il en avait réglé, réparé, conduit tellement qu 'il ne les comptait plus autrement que par leur numéro de chassis. Il lui suffisait de fermer les yeux pour en revoir chaque détail, le plus petit des accessoires. Tiens, comme ce bidule qui permet de bloquer en position fermée, les étroites meurtrières percées dans le Lexan, de chaque côté de la cabine. Il savait qu 'il ne se tromperait pas.
Et puis et sans qu 'il ne consente à l 'avouer, il y avait aussi celle du père. La 49 justement, dont la carrosserie élargie de l 'arrière et dotée d' extracteurs NACA lui conférait une originalité que les experts avaient relevée. Une auto de course, une vraie. De celles que l' on prépare et que l 'on exploite, cravache en main. Et que l 'on cède ensuite sans regrets lorsqu 'elles se trouve coupable de ne plus gagner. Pas de place pour les sentiments en effet lorsqu' il s' agit d' attaquer au plus vite le sinueux parcours d' une course de côte, comme son père aimait tant à le faire. Mais bien sûr ça lui avait fait un peu mal de la voir partir un jour sur un plateau en direction de Karlsruhe. Am Ufer, il me semble...
A suivre
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